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pour nous comme un fil conducteur au milieu des incidents variés qui ne cessèrent de se succéder du 21 septembre au 23 octobre, date à laquelle la Bourdonnais s’embarqua.

Nous doutons au surplus que nos explications donnent satisfaction à ceux qui admirent exclusivement Dupleix ou la Bourdonnais ; mais ce livre n’est écrit ni à la gloire ni pour le dénigrement d’aucun d’eux. Nous avons trop peu de confiance dans la grandeur de l’homme et des hommes pour en juger beaucoup dignes du Capitole et nous ne pensons pas non plus qu’un très grand nombre mérite la Roche Tarpéienne.

Tant qu’il s’était agi de seconder les entreprises de la Bourdonnais, Dupleix, obéissant aux ordres du ministre, n’avait épargné ni sa peine ni son temps ; il avait assemblé tous les vivres et matériaux nécessaires à leur succès et la Bourdonnais ne s’est jamais plaint sérieusement qu’on lui ait rien refusé.

Le glissement commença le jour où la Bourdonnais demanda par écrit à Dupleix ses avis et ses conseils sur l’opportunité de l’expédition de Madras. Après les préparatifs faits depuis deux ans, la question pouvait paraître surprenante et elle l’était en effet. Elle témoignait de la part de la Bourdonnais ou d’une confiance insuffisante en ses instructions ou d’une grande timidité dans l’exécution : en tous cas, par le seul fait qu’il la posait, il se plaçait dans une certaine mesure sous la dépendance morale de Dupleix et l’autorisait implicitement à en faire état en d’autres circonstances.

L’expédition définitivement admise, la Bourdonnais ne pouvait, aux termes de ses instructions du 13 janvier 1741, donner aucun ordre à terre sans l’autorisation du Conseil de Pondichéry et c’est pourquoi il accepta ou