Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/327

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Ni Dupleix ni la Bourdonnais n’eurent cette vision des intérêts supérieurs de la cause qui leur était confiée, il faut loyalement le reconnaître. La Bourdonnais se montra toutefois le moins clairvoyant.

Il ne fit pas preuve de plus de justesse d’esprit lorsqu’il promit aux Anglais un traité de rançon. On ne prend pas une ville de l’importance de Madras pour la rendre aussitôt après, sans d’impérieuses nécessités et il n’y avait aucune raison d’escompter que le traité de paix la restituerait aux Anglais. Jusque-là, et quoi qu’il dût alors advenir, elle devait rester entre nos mains. On pouvait la défendre et la garder en même temps que Pondichéry ; l’événement le prouva. Passe encore si on l’eut rendue moyennant une forte somme payée comptant ou un gage aisément réalisable ; mais la Bourdonnais se contenta de bons à longue échéance, payables en Angleterre. On ne pouvait pousser plus loin la duperie, et comme il parut invraisemblable qu’un homme de son expérience et de sa valeur eût fait une pareille erreur, on l’accusa d’avoir reçu un pot-de-vin pour traiter avec les Anglais. De là à l’incriminer de trahison il n’y avait qu’un pas et il fut franchi.

On examinera plus loin ces accusations qui, elles, ne sont nullement spéculatives ; il nous suffit pour le moment d’avoir établi par des arguments de fait et de bon sens que, dans le conflit qui allait éclater, les meilleures raisons étaient du côté de Dupleix et que la Bourdonnais ne pouvait que se soumettre ou se débattre dans des complications et des contradictions sans issue.

Pourquoi faut-il qu’à ces discussions de principe qui avaient leur valeur et sur lesquelles on pouvait échanger des notes discordantes et même un peu vives, soient venus se greffer une foule d’incidents mesquins et