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officiers et les civils que Dupleix avait envoyés de Pondichéry avec l’escadre n’étaient pas satisfaits qu’on eût promis le rachat de la ville et le jour même où elle fut remise, d’Espréménil, considérant qu’elle dépendait désormais du gouvernement de Dupleix, laissa entendre à la Bourdonnais qu’il n’y pourrait rien décider en maître. Celui-ci lui répondit qu’étant seul chargé de l’expédition, il ne rendrait compte que de ce qu’il jugerait à propos et, conclut-il, « cela sera comme cela ».

D’Espréménil comprenant à ce langage que la Bourdonnais était décidé à n’en faire qu’à sa tête et se sentant lui-même impuissant à le « tenir en bride », écrivit aussitôt à Dupleix (9 h. du soir) pour le prier de venir à Madras ; quant à la rançon il ne voyait qu’un moyen d’empêcher ce « mauvais coup », c’était de déclarer qu’il convenait à la Compagnie de garder d’abord la ville, sauf à voir ensuite ce qu’on ferait après en avoir tout tiré (A. C, C2 81, p. 154).

La soirée se passa sans incident. La Bourdonnais chargea d’Espréménil et Bonneau de faire l’inventaire des matières d’or et d’argent de la Compagnie ainsi que des marchandises, effets de marine, provisions de bouche et boissons qui pourraient se trouver. Mahé de la Villebague et Desjardins furent nommés commissaires au chargement des navires.

On eut quelque mal à réunir les clefs que les Malabars avaient égarées ou confondues. Celles de la caisse furent remises à Bonneau et celles du Trésor à d’Espréménil, mais comme ils ne purent les avoir que dans la soirée, ils ne furent pas dans la suite fâchés de laisser entendre que dans l’intervalle la Bourdonnais ou son frère en avaient fait un mauvais usage. Les faits