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Or, le Conseil, c’était Dupleix. Celui-ci indiquait d’une façon assez nette qu’il n’entendait pas laisser la Bourdonnais gouverner à sa guise, mais au contraire contrôler tous ses actes.

La Bourdonnais reçut le billet de Dupleix le 25 au soir ; il répondit le 26 à 6 heures du matin. Il commençait par se déclarer fort embarrassé pour décider du sort de Madras. Il était toujours disposé à rendre la ville aux Anglais, moyennant rançon ; mais c’était eux qui ne résolvaient rien, ils tenaient tous les jours conseil et ne savaient à quoi s’arrêter. Si cette situation se prolongeait, la Bourdonnais prévoyait qu’il ne pourrait plus quitter Madras qu’en janvier. Il reproduisait, quant au reste, diverses considérations déjà fournies la veille sur ses projets ultérieurs et la destination future de son escadre et priait Dupleix de lui donner son opinion personnelle, mais non plus celle du Conseil, « car de vous à moi, disait il, je n’ai aucun ordre qui me dise de m’adresser à lui. Cependant, quand il s’agira du bien du service, je prendrai son sentiment comme un bon conseil et non comme une loi ».

Ainsi s’affrontaient sans heurt et sans éclat et comme s’il se fut agi d’une affaire de peu d’importance, les thèses directement opposées de Dupleix et de la Bourdonnais sur leurs pouvoirs respectifs et les attributions du Conseil supérieur. Mais depuis le 23 les événements avaient marché et l’appel aux sentiments appartenait au passé.

Suivre les événements qui s’accomplirent alors n’est pas toujours chose aisée. Séparés l’un de l’autre par une étendue de quarante lieues et ne désirant nullement se rencontrer pour converser ensemble, Dupleix et la Bourdonnais étaient comme des duellistes qui chercheraient à se pourfendre à travers l’espace. La riposte de l’un ne