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la Compagnie de posséder à la côte et dans le même voisinage deux établissements aussi forts que Pondichéry et Madras. Outre qu’il avait comme instruction de ne conserver aucune conquête, il était sûr qu’à la paix le roi rendrait celle-là et que la Compagnie n’aurait rien. La garder était donc une chimère.

La détruire, est-ce que ce parti radical empêcherait les commerçants et tisserands indigènes de continuer leurs affaires dans les aidées des environs, en attendant que les Anglais eux-mêmes bâtissent une nouvelle forteresse ?

La rançonner, c’était ce qui convenait le mieux, et la Bourdonnais développait son projet d’exécution ; il embarquerait sur trois vaisseaux tout ce qu’il aurait de marchandises propres à notre commerce d’Europe, puis il tirerait de Madras l’artillerie et le matériel dont Pondichéry et les Îles avaient besoin ; il s’accommoderait enfin avec les Anglais pour le rachat de leur ville et conviendrait de ce qu’il leur laisserait. Il y avait toutefois une difficulté à l’exécution de ce projet : le gouverneur anglais n’avait pas d’argent pour payer la rançon. La Bourdonnais lui avait proposé de souscrire des billets payables à termes convenus et de donner huit à dix otages en garantie : ils n’étaient pas encore tout à fait d’accord sur ce point et la Bourdonnais demandait à Dupleix ce qu’il en pensait.

Cette affaire réglée, le gouverneur des Îles comptait passer à la côte Malabar pour y faire la loi, puis ramener en France huit à dix vaisseaux bien chargés. Il priait enfin Dupleix de lui marquer, après avoir provoqué l’avis de son Conseil, comment il fallait traiter les Arméniens et les Malabars, qui avaient pris les armes contre nous.

Le Conseil supérieur répondit le surlendemain 25