Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/335

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’avant de se prononcer il désirait savoir sur quel pied la Bourdonnais voulait traiter avec lui :

« Vous ne devez pas ignorer, écrivit-il, quelles sont les intentions du roi et de la Compagnie sur les places de l’Inde où le pavillon du roi est arboré, non que nous voulions user à la rigueur du droit que l’un ou l’autre ont jugé à propos de nous accorder, mais simplement pour que vous n’ignoriez point que toutes les places, forts et établissements français dans l’Inde, sont de la dépendance de M. le Commandant général et du Conseil supérieur. Si vous pensez que l’autorité qui nous est déférée n’est pas assez bien établie pour vous y conformer, nous vous prions de ne point trouver mauvais que M. le Commandant général et le Conseil supérieur n’entrent pour rien dans tout ce qui concerne la ville de Madras. Messieurs nos députés, après avoir fait part de leur mission, se tiendront tranquilles jusqu’à la réception de nos ordres, » (A. C, C2 81, p. 164).

Des instructions conformes furent envoyées le même jour à d’Espréménil, Dulaurens et Barthélémy. Dupleix, accentuant ses déclarations du 23, invita la Bourdonnais à considérer le Conseil de Pondichéry non comme le sien, mais comme celui que le roi et la Compagnie avaient établi dans l’Inde. Or ce conseil non moins que le gouverneur de Pondichéry avait autorité sur tous les commandants des vaisseaux de la Compagnie, de quelque qualité et condition qu’ils fussent. Ni l’un ni l’autre n’avaient jusqu’à présent voulu faire sentir leur pouvoir et la Bourdonnais avait pu conduire et gouverner son escadre comme il l’avait jugé à propos. Mais il pouvait arriver qu’ils invoquassent leurs droits ; avant d’en venir à cette extrémité, Dupleix priait la Bourdonnais d’envisager que la rançon qu’il avait l’intention d’exiger n’était qu’un avantage momentané et des plus incertains