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et que les otages qu’on pourrait lui donner n’engageraient pas la Compagnie à accepter les billets du gouverneur. Le peu de sûreté des paiements auxquels s’obligeaient les Anglais devait être une raison de ne faire avec eux aucun traité :

« Je sens, concluait Dupleix, l’inutilité de toutes les représentations que j’ai l’honneur de vous faire ; mon devoir m’y oblige et ce n’est en vérité que dans cette vue que je vous les ai présentées dans mes précédentes. Je vois le peu d’impression qu’elles font sur vous. Cependant mon expérience dans l’Inde, le temps que j’ai l’honneur d’y conduire les principales affaires, la confiance que le roi, le ministre et la Compagnie veulent bien avoir en moi, devraient vous engager à y avoir plus d’égards que vous ne le marquez. Aussi, Monsieur, seront-ce les dernières que j’aurai l’honneur de vous présenter ; je ne vous le ferai plus qu’avec le Conseil, lorsque vous aurez décidé de la façon dont vous voulez traiter avec lui. » (Mémoire, n°64).

Cette réponse peu conciliante n’était pas justifiée par la lettre de La Bourdonnais où toutes les expressions sont d’une absolue correction. Mais ses propos étaient plus libres ; il ne se gênait guère pour déclarer qu’il se moquait d’avoir affaire au Conseil et qu’il n’avait de compte à rendre que de ce qu’il voulait bien (A. C, C2 81, p. 154). « Autant entreprendre de blanchir un noir », écrivait d’Espréménil qui était chargé de lui faire entendre raison. La lettre de Dupleix n’était pas faite pour provoquer d’autres sentiments.

Quoiqu’il en soit, autant pour déférer aux désirs de Dupleix que pour se garder ultérieurement contre ses sollicitations, La Bourdonnais communiqua le 26 à Morse et à son Conseil les craintes qui lui étaient transmises et les pria de lui rendre la parole qu’il leur avait donnée au