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contre l’autre ; cela paraît trop. Pour moi, quelque raison que j’aie de n’être point content, je vous jure d’honneur que j’oublierai tout pourvu que je puisse servir l’État. » (Mémoire, n° 83).

Il est difficile d’apprécier le degré de sincérité que marquent ces diverses lettres ; nous admettrons, si l’on veut, que l’on fut de bonne foi de part et d’autre en se promettant une amitié conditionnelle,… pourvu que l’un des deux voulût faire toutes les concessions.

La lettre de Dupleix du 29 septembre au matin était un appel au sentiment et une nature noble pouvait y être sensible : celle qu’on va lire, écrite peu d’heures après, ne pouvait pas produire la même impression[1] :

« Encore une réflexion sur votre traité de rançon. Vous n’ignorez pas ce qui se passe en Angleterre. Le prétendant (Charles Édouard) soutenu de la France et de l’Espagne y fait des progrès ; il est peut-être même en possession du royaume. Si cette révolution a lieu, comme on peut le croire, votre traité fût-il le meilleur et le mieux cimenté, la France ne fera aucune poursuite pour le faire valoir, et certainement on ne chercherait qu’à s’en faire un mérite auprès du nouveau roi et notre Compagnie serait entièrement frustrée. Je vous prie de joindre cette réflexion à toutes celles que j’ai déjà eu l’honneur de vous faire ; elle n’en est pas la moindre et sans m’étendre davantage, vous en devez connaître toutes les conséquences. » (Mémoire, n° 82).

En d’autres termes, Dupleix laissait entendre que, si

  1. D’après le Mémoire, la première (n° 81) aurait été écrite à 9 heures du matin et la seconde (n° 82) à 8 heures. Mais il doit y avoir erreur pour cette dernière, d’abord parce qu’elle se réfère à la précédente : Encore une réflexion sur votre traité de rançon…, ensuite parce qu’elle n’arriva à Madras que le 1er octobre, le lendemain de la précédente.