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Charles Édouard venait à triompher, La Bourdonnais serait désavoué en haut lieu « avec toutes les conséquences » qui en découlaient.

On n’aime pas en général céder à des pressions de cette nature, même quand elles sont justifiées. La Bourdonnais ne se laissa pas intimider. Dans un très court billet du 1er octobre, il répondit :

« Je vous remercie sincèrement de vos bons avis. Le sort de Madras est jeté, toutes mes lettres vous le disent. Que j’aie eu tort ou raison, je me suis cru en droit d’accorder une capitulation. Je serais le premier militaire qui n’eut pas le pouvoir de faire des conditions à ceux qui ont défendu les murs dont il se rend maître… J’ai donné ma parole : dussé-je la payer de ma tête, je ne sais point m’en dédire. Regardez-le, si vous le pouvez, comme un malheur où vous n’êtes pour rien… Je vous prie, au nom de ce que vous vous devez à vous-même, de ne me pas barrer davantage. Faites-moi aider jusqu’à mon départ. Sauvez ce qui sera possible. Comme je n’ai peur de rien, tous les yeux me conviennent, conseillers, employés, écrivains, malabars, tout servira. Je n’ai pas encore fait ouvrir le coffre où est l’argent ; j’attends Messieurs les conseillers. » (Mémoire, n° 85).

Cependant, tandis que les chefs écrivaient, les subordonnés agissaient et rendaient toute entente difficile. Il se peut au surplus qu’en se comportant de la sorte, ceux-ci n’aient pas toujours outrepassé les désirs ni peut-être les instructions secrètes ou verbales de Dupleix ; plus les propos sur le compte de la Bourdonnais étaient malveillants et mieux ils étaient accueillis à Pondichéry : Ananda nous laisse peu de doute à cet égard.

Un nommé Tirouvengadam, placé auprès de la Bourdonnais dès le 11 septembre pour l’espionner, avait été brusquement rappelé peu de jours après, parce qu’il ne