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tés qui momentanément se retirèrent. Après une dernière conversation qu’eut la Bourdonnais avec le seul conseiller Dulaurens dans l’après-midi du 30, les députés voyant que la Bourdonnais était plus éloigné que jamais de se soumettre au Conseil supérieur, décidèrent de se conformer aux ordres qu’ils avaient reçus de Pondichéry, et dans la soirée ils se retirèrent à St-Thomé. Ils avaient auparavant fait remettre à la Bourdonnais une protestation contre son refus de reconnaître le commandement de Dupleix sur Madras et contre tout ce qu’il avait fait ou pourrait faire en opposition avec les intentions de Dupleix et du Conseil supérieur (Mémoire, n° 79).

La rupture avec Pondichéry ne fut pas moins brutale. Elle commença le 29 par une lettre du Conseil supérieur à la Bourdonnais, lui déclarant que, si le 26 il avait demandé des conseils, il ne les avait pas attendus et que s’il les avait reçus à temps, il n’en eut tenu aucun compte. La conclusion était une nouvelle protestation contre, le traité de rançon, avec cette déclaration spéciale que le Conseil supérieur ne recevrait ni otages ni billets soit sur l’Inde, soit sur l’Europe (Mémoire, n° 84).

La Bourdonnais reçut cette protestation le 1er octobre. On pense bien qu’elle ne l’émut guère. Les protestations sont toujours un aveu d’impuissance. Il répondit le même jour au Conseil supérieur qu’il se refusait plus que jamais à recevoir ses avis comme des ordres et il le somma au contraire d’accepter les otages de Madras, les billets prévus par la rançon et les effets qu’il pourrait lui envoyer avant son départ. Si les conseillers refusaient, il se verrait dans la nécessité de tout emmener en Europe où il irait directement et s’ils ne pouvaient ensuite expédier de cargaisons, ils n’auraient à s’en prendre qu’à eux-mêmes (Mémoire, n° 85).