Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/353

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Dupleix prévoyait évidemment cette réponse, lorsque le 30 septembre, c’est-à-dire la veille, il avait fait assembler les notables français de Pondichéry, en vue d’obtenir d’eux un appui moral dans le duel qu’il se proposait d’engager pour la conservation de Madras. La Bourdonnais ne venait-il pas de lui faire savoir par ses lettres du 27 que, quoi qu’on pût lui dire, le rachat aurait son plein et entier effet ? À quoi bon, dans ces conditions, attendre la réponse tant à l’appel de conciliation qui lui avait été adressé le 29 qu’à la protestation du Conseil en date du même jour ? Les événements marchaient ; il importait de marcher avec eux et au besoin de les devancer.

Il y eut donc ce jour-là, à huit heures du matin, chez Legou, second du Conseil, une assemblée des principaux fonctionnaires, ecclésiastiques et notables français[1]. On essaya, non sans quelque parti pris, de dégager la philosophie des événements qui venaient de s’accomplir, on envisagea les résolutions à prendre et finalement on décida d’adresser à Dupleix une remontrance pour l’inviter à interposer son autorité et arrêter les « injustes entreprises » du commandant de l’escadre. Valait-il la peine d’avoir fait tant de frais et d’avoir exposé tant d’hommes pour devenir la fable des nations ? Il fallait vite prendre un parti et le plus convenable était d’envoyer à Madras des hommes résolus à exécuter à la lettre les ordres de Dupleix. Ces hommes les signifieraient à la Bourdonnais en présence de tous les notables français, en même temps qu’ils lui reprocheraient de s’être mal à propos déclaré indépendant et l’inviteraient à se réduire au com

  1. Ananda nous a laissé un récit assez long de cette réunion sans faire connaître l’avis d’aucun des orateurs, mais en résumant leur opinion collective (T. 2, p. 345-352).