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ils demeurèrent irréductibles et sourds à ses avances.

Tel fut ce mémorable entretien, plus digne du roman que de l’histoire. Il ne s’était pas terminé à l’avantage des conseillers qui n’avaient pas prévu un refus (A. C., C2 81, p. 288-289). Qu’allaient-ils faire ?

D’Espréménil les fit venir dans l’après-midi et, sans donner à personne le temps de parler, il déclara qu’il fallait faire arrêter la Bourdonnais. Tout le monde fut effrayé de cette proposition et chacun déclara que personne ne voudrait se charger de la mettre en exécution. D’Espréménil eut beau représenter qu’aux maux violents il fallait des remèdes extrêmes et qu’après tout la chose n’était pas si difficile ; il ne lui fut pas possible d’amener personne à son opinion.

Le lendemain, l’arrivée d’un détachement de cavalerie de Pondichéry sous les ordres d’Auteuil, lui fit reprendre son idée : ces cavaliers enlèveraient la Bourdonnais et le conduiraient à Pondichéry. On trouva à nouveau tant d’inconvénients à ce projet qu’on dut enfin l’abandonner. Paradis, d’ordinaire plus entreprenant, ne fut pas le dernier à s’opposer à cet acte de violence. « Si j’eusse été seul, écrivit d’Espréménil à Dupleix le 7 octobre, j’eusse agi plus efficacement et je vous réponds que M. de la Bourdonnais serait à Pondichéry à présent… Mais c’est le plus grand nombre qui décide et je suis obligé d’en passer par là. C’est d’autant plus triste que vous avez tout fait pour le mieux ; je le vois, je le sens, mais il m’est bien douloureux de n’avoir pu remplir vos vues. » (A. C., C2 81, p. 158-160).

Il semble en effet certain que les cavaliers envoyés de Pondichéry par Dupleix, comme quarante cipayes qu’il fit partir le 6 octobre, étaient destinés à préparer et à effectuer cet attentat.