Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/361

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Qu’allait faire le Conseil provincial réduit ainsi à l’impuissance ? Jouant audacieusement la partie pour laquelle il avait été institué, il dépêcha aussitôt auprès de La Bourdonnais le major des troupes Bury, accompagné des capitaines La Tour et d’Argis, pour lui intimer l’ordre de prendre les arrêts. Cet ordre était conçu eu ces termes :

« En conséquence des ordres de M. Dupleix, commandant général et gouverneur de Pondichéry, insérés dans la lettre du 30 septembre 1746 que Messieurs du Conseil viennent de me communiquer, vous aurez agréable de ne point sortir de Madras, ni par terre ni par mer avec les troupes françaises, sous quelque prétexte que ce soit, sans un ordre par écrit de mon dit sieur Dupleix. À Madras, le 4 octobre 1746. Signé : de Bury. »

Même convaincu de son erreur quant au traité de rançon — et il ne l’était pas — La Bourdonnais ne pouvait accepter une pareille mise en demeure. Ce fut au contraire lui qui mit les officiers aux arrêts. « Mettez là vos épées, leur dit-il, et restez tranquilles au gouvernement… Croyez-moi, je vous conseille d’obéir. » Ils obéirent en effet, sans chercher à provoquer un éclat, et dans une conversation plus intime que La Bourdonnais eut alors avec Bury, il lui dit combien les députés l’avaient affligé en signifiant la commission de Dupleix aux capitaines de ses navires ; c’était un acte d’une « inconcevable témérité » qui ne tendait à rien moins qu’à soulever contre lui son escadre. S’il les eût arrêtés dans le moment et les eût emmenés en France, il estimait que tout le monde l’eût approuvé. Un autre de ses griefs était le peu d’égards et de ménagements qu’on avait pour lui. Ainsi aucune politesse pour sa fête ; pourquoi d’une affaire générale en faire une particulière ?

À la nouvelle de ces arrestations, les députés détachèrent