Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/362

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Paradis pour en demander raison. Nul choix n’était plus malheureux, si toutefois des explications étaient encore possibles ; depuis la reddition de Madras, Paradis n’avait cessé d’avoir l’attitude la plus provocante à l’égard de La Bourdonnais. Aussi fut-il mal accueilli. À peine avait-il ouvert la bouche qu’il fut interrompu par ces mots : « Monsieur Paradis, vous êtes un brouillon, qui nous avez tous mis à deux doigts de notre perte. Si je vous traitais comme vous le méritez, je vous mènerais loin ; mais je me contente de vous mettre aux arrêts. Ainsi restez avec vos messieurs. » Et Paradis resta. Le soir La Bourdonnais les renvoya tous les quatre, mais avec défense de sortir de Madras sans sa permission.

Ces querelles vaguement théâtrales occupaient les esprits mais n’avançaient pas les affaires. Pendant qu’on se disputait, les délégués de Pondichéry refusaient tout concours à La Bourdonnais, qui réduit à son seul personnel, ne pouvait plus procéder aux inventaires, à l’embarquement des marchandises et du matériel pris à l’ennemi, sans courir le risque d’ajourner son départ à une date indéterminée ; or, il tenait toujours à remettre la ville aux Anglais et à s’embarquer vers le 12 octobre. Aussi, dès le 4 écrivit-il à Dupleix moins pour se plaindre des procédés des conseillers et officiers de Pondichéry, quoiqu’il dût en souffrir, que pour le mettre en quelque sorte en demeure de concerter leur action sur les mesures à prendre. Il s’exprimait ainsi :

« La scène qui vient de se passer à Madras, toute indécente qu’elle est, m’afflige beaucoup moins par rapport à moi, qu’elle n’est humiliante pour toute la nation. Depuis la prise de cette place, j’ai tout mis eu usage pour conserver chez les Anglais la décence qui convient à la majesté des armes de notre roi et au caractère des officiers que je commande. Il ne fallait rien