Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/363

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moins que la députation de ce jour (celle de Bury) pour altérer dans l’esprit des peuples qui nous environnent le nom que nous nous sommes fait ici…

« Que j’aie été en droit ou non de capituler, c’est ce qui ne regarde ni vous ni votre conseil. Personne ici ne commande que le roi dont je porte les ordres. J’irai lui rendre compte de ma conduite et lui mener les vaisseaux qu’il m’a confiés et lui porter ma tête qui répondra pour moi du mal que j’aurai fait. Plus juste et moins partial que le public qu’on fait parler, j’attends de Sa Majesté plutôt la récompense de ma bonne volonté marquée, que le châtiment d’une faute involontaire, s’il y en a.

« Pour vous. Monsieur, si ce que j’ai fait ne vous paraît pas aussi avantageux que je l’ai cru, regardez ce qui se passe ici comme un naufrage causé par l’ignorance du pilote. Sauvez-en les débris, ils vous touchent autant que moi : nous sommes également intéressés à ramasser ces restes toujours glorieux de notre victoire. Quoi ! Monsieur, après avoir fait tout ce que vous avez pu pour contribuer à la prise de cette ville, quelques pagodes de plus ou de moins vous empêcheraient-elles de m’aider à en tirer ce que le droit des armes nous donne ? Contribuez, Monsieur, à emporter d’ici ce dont la victoire nous rend les maîtres, ou convenez avec moi que tout ce qui restera dans Madras n’y sera perdu par les Français que parce que vous n’aurez pas voulu m’aider. La saison qui s’avance, le chargement des vaisseaux pour lesquels je n’ai que deux hommes de bonne volonté (Villebague et Desjardins), tout vous crie que j’aie besoin d’aide. Au nom du roi et de la Compagnie, donnez-moi ces secours qui dépendent de vous ; nommez des commissaires qui prennent soin de ce qui revient à la Compagnie de France et laissez au roi, mon maître et le vôtre, le soin de me punir du prétendu crime qu’on m’impute. Vous voyez, Monsieur, combien je réclame votre secours… Vous vouliez qu’on prit toute l’artillerie ; sauvez-en la moitié ; elle est à vous. Vous vouliez qu’on prit les agrès et apparaux ; sauvez-en