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assister au Conseil et que le reste se réglât sur le pied que vous l’auriez arrêté avec messieurs les Anglais… » (Mémoire, n° 122).

Dupleix chargea d’autre part d’Espréménil de presser la Bourdonnais de négocier au plus vite l’arrangement. Il n’y était pas question, — on le remarquera — de garder ou de ne pas garder indéfiniment Madras ; Dupleix paraissait au contraire décidé à respecter les engagements pris par la Bourdonnais : mais ce n’est pas s’aventurer que de présumer qu’il était déjà résolu à ne pas les tenir, comme il advint effectivement après le départ de l’escadre. Il y a une tactique de la paix comme de la guerre et le succès va rarement à ceux qui démasquent trop tôt leurs projets. D’ailleurs trompa-t-il véritablement la Bourdonnais ?

« oui, Monsieur, lui écrivit-il dès le lendemain 8 octobre, je conseillerai à mon frère de manquer à sa parole, quand elle peut faire tort à un tiers, quand elle est aussi avantageuse à un ennemi et aussi désavantageuse à la Compagnie et à la Nation. Oui, Monsieur, je vous le répète, on n’est pas obligé de la tenir… Mais enfin si elle vous tient si fort au cœur, le moyen que je vous ai proposé vous met à même de la tenir ; il ne s’agit que de s’assurer de celle des Anglais. Vous n’êtes pas à vous apercevoir qu’ils y ont manqué plusieurs fois et que vous et vos gens ont fait des découvertes que les Anglais ne disaient point, quoiqu’ils y fussent engagés d’honneur. » (Mémoire, n° 131).

Cependant la Bourdonnais avait réfléchi depuis le 4 octobre et les avantages qui lui avaient paru si nets ce jour là lui semblaient maintenant dépassés par les inconvénients. Il reconnaissait toujours que, restant à Madras pendant l’hiver, nous pourrions faire le partage en maître, et retirer de la capitulation tous ses effets heureux ; mais