Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/369

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notre flotte partie, ne devrions-nous pas craindre le retour d’une escadre anglaise, qui bloquerait Madras et nous tiendrait à sa discrétion ? Décidément les risques étaient trop grands et il préférait s’en tenir à ses premiers projets. Toutefois il ne refusait pas expressément de rester quelque temps encore à Madras, puisqu’il terminait sa lettre à Dupleix par ces mots : « J’attends votre réponse pour partir d’ici, afin de donner des ordres en conséquence » (9 octobre).

Et le même jour, il reprit avec les Anglais des pourparlers qui, à vrai dire, n’avaient jamais été interrompus. On ne peut dire dans quel sens ils eussent évolué, si un événement imprévu n’en avait précipité le dénouement.

Depuis quelques jours le bruit courait qu’Orry et Fulvy, les protecteurs de la Bourdonnais, étaient en disgrâce. Le 8 octobre arrivèrent à Pondichéry trois navires de la Compagnie impatiemment attendus : le Centaure, le Mars et le Brillant, commandés par Dordelin. C’était eux qu’on avait aperçus quatre jours auparavant au large de Paliacate. Ils confirmèrent la chute du Contrôleur général et de son frère, survenue en décembre 1745 et leur remplacement par Machault et Rouillé, l’un intendant du Hainaut et l’autre ancien intendant du commerce et actuellement directeur de la librairie.

Or c’était Orry qui avait donné à la Bourdonnais les ordres derrière lesquels il s’abritait pour résister à Dupleix. Comment Machault les interpréterait-il ? On a beau avoir confiance en des textes, il faut aussi tenir compte de l’opinion des hommes chargés de les appliquer. Qui donnait à la Bourdonnais l’assurance que le nouveau ministre ne partagerait pas l’opinion de Dupleix ? Assurément aucun écrit ne nous permet d’établir que