Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/370

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cette idée traversa son esprit, mais il est des sentiments qui n’ont pas besoin d’être exprimés pour être compris.

La perplexité sinon l’inquiétude de la Bourdonnais dût être plus grande encore lorsque dans un courrier qui lui parvint le 10 octobre il y trouva ces nouvelles instructions de la Compagnie datées du 6 octobre 1745.

« La Compagnie juge qu’il est convenable et même décent que le commandant des escadres assiste dans les conseils supérieurs ; qu’il y soit appelé lorsqu’il s’y traitera des matières concernant quelques expéditions militaires où le commandant doit avoir la plus grande part, qu’il y ait voix délibérative ; mais elle entend aussi que tout ce qu’on aura délibéré soit exécuté sans difficulté, de quelque nature d’affaire dont il s’agisse, quand même il serait question de disposer de tous les vaisseaux de la Compagnie qu’il commanderait. » (Mémoire, n° 127).

On eût rédigé ces instructions pour dénouer l’imbroglio dans lequel se perdaient Dupleix et la Bourdonnais qu’elles ne fussent pas venues plus à propos. Dupleix voulut y voir une justification de sa politique, et, sans tarder, il fit savoir à la Bourdonnais qu’il était « prêt à se prêter à tout, pourvu qu’il y trouvât de la sûreté pour la Compagnie qui voulait bien ainsi que le nouveau ministre, lui donner en particulier des ordres sur les diverses opérations que l’on pourrait faire dans l’Inde ».

La Bourdonnais put continuer à trouver ridicules les prétentions de Dupleix (Mémoire, n° 127) ; en attendant, il se prépara à se soumettre avec autant d’habileté que les circonstances le lui permettaient :

« Votre lettre, répondit-il le 10 octobre à 11 heures du soir, me laisse en suspens. S’il était possible d’accorder les choses, ce serait pour moi le comble du bonheur. Quoique je sois extrêmement pressé par la saison, j’attendrai votre réponse