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Sur l’article 9, de s’être contenté comme otages de gens mal accommodés dans leurs affaires. Et puis que valaient ces otages, alors que les Anglais pouvaient si facilement réduire au même sort les commissaires que nous laisserions à Madras ?

Sur les articles 14 et 15, d’avoir rendu la ville sans consulter la personne à qui le roi et la Compagnie avaient confié leur autorité dans l’Inde, et alors que les magasins étaient encore remplis de poivre, de corail, de soie et autres marchandises. Vraiment la générosité de La Bourdonnais était sans limite et les Anglais ne sauraient trop lui témoigner leur reconnaissance. (A. C, C2 81, p. 280-284)

Ces observations ne comportent aucune accusation de corruption ou de trahison ; le grief est esquissé. Mais on pensait tout haut ce qu’on n’osait pas officiellement écrire et après diverses oscillations l’opinion avait fini par accepter le chiffre de 100.000 pagodes ou un million de francs comme celui moyennant lequel la conscience de La Bourdonnais aurait capitulé. Les Français et les Anglais en parlaient également.

Il n’y eut néanmoins aucune explication publique ou autre à ce sujet, tant que La Bourdonnais fut dans l’Inde et l’on ne profita pas non plus de son départ pour provoquer des témoignages qu’on eut pu contrôler. La première accusation officielle contre La Bourdonnais fut celle que l’on porta en 1749 ou 1750 devant la cour chargée de le juger. Là des témoins, notamment d’Espréménil et Kerjean, vinrent déposer qu’il avait effectivement reçu 100.000 pagodes pour prix de ses complaisances envers les Anglais. La Bourdonnais fit répondre à cette accusation en son mémoire de défense publié en 1750 (p. 266 à 274). Voici alors ce qu’il dit :