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Il essaie ensuite de démontrer qu’à aucun moment il n’a pu toucher ces 100.000 pagodes. Si, dit-il, elles lui avaient été promises contre un traité de rançon, la condition manquant, la promesse devenait nulle de plein droit. Or, il fit au moins deux fois preuve d’indépendance complète vis-à-vis des Anglais, la première fois en leur demandant de lui rendre sa parole d’honneur, la seconde en prolongeant malgré eux jusqu’au mois de janvier le terme de l’évacuation primitivement fixé au 15 octobre. Croit-on qu’il eut pu agir de la sorte si, par des conventions secrètes, les Anglais lui avaient donné ou promis 100.000 pagodes ?

Ce qui prouvait mieux encore contre l’existence de ce prétendu don, c’est que dès le 15 octobre, La Bourdonnais était décidé à rendre Madras à Dupleix. Les Anglais le savaient, comme ils savaient que Dupleix ne voulait prendre avec eux aucun engagement et pressentaient qu’il n’exécuterait pas le traité. N’était-il pas naturel que dans ce cas ils missent La Bourdonnais en demeure soit de rendre immédiatement les 100.000 pagodes, soit de signer une promesse de les restituer en cas d’inexécution du traité. Cependant, le traité une fois rompu, ils ne lui ont rien demandé. Ils se sont au contraire infiniment loués de lui et de la noblesse de ses procédés et depuis son départ ils n’ont pas cessé leurs éloges.

Lorsqu’au retour de l’Inde, il avait passé par l’Angleterre où il fut retenu prisonnier, il leur était encore loisible de se faire rendre une somme aussi considérable retenue si indûment. Loin de lui adresser la moindre réclamation, Monson, Stratton et le directeur de la Compagnie d’Angleterre l’avaient reçu de la manière la plus honorable et la plus satisfaisante.

De tous ces faits, La Bourdonnais concluait que l’affaire