Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/391

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des 100.000 pagodes était non seulement dénuée de preuves, mais de vraisemblance.

Mais en politique où rien ne se fait suivant les règles de la logique et souvent du bon sens, l’invraisemblance est parfois la vérité.

Par une singulière coïncidence, au moment où l’instruction du procès de La Bourdonnais se poursuivait à Paris, il paraissait à Londres, le 11 avril 1750, sous forme de lettre d’un propriétaire de la Compagnie [anglaise des Indes], une longue brochure anonyme, où il était établi aussi clairement que possible que La Bourdonnais, en traitant de la rançon de Madras, avait fait une convention particulière pour une somme d’argent à son seul profit. On attribuait communément le libelle à Monson, qui l’aurait rédigé de concert avec Stratton et Fowke.

La Compagnie de France, désirant obtenir des précisions, écrivit le 20 juin suivant à un nommé Durand, son agent à Londres, pour le prier d’essayer de déterminer Monson et Stratton à venir à Paris, où on leur assurait le secret. Ce Durand devait avoir quelque autorité ou de l’entregent pour qu’on le chargeât d’une commission aussi délicate. L’histoire n’ajoute pas s’il put entrer en relation avec les deux Anglais ; en tout cas ils ne vinrent pas à Paris.

La crainte d’un scandale qui eut rejailli sur la nation décida peut-être la Compagnie à renoncer à projeter sur l’affaire une lumière aveuglante[1], mais le factum n’en subsistait pas moins. Nous citerons les principaux documents qu’il utilise.

C’est d’abord (p. 28) une lettre que Morse écrivit de Pon-

  1. V. Arch. du Ministère des Affaires Étrangères. Fonds Asie, t. 12.