Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/394

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inviolablement gardé dans la suite, y ayant une espèce de foi qui doit être gardée même avec un ennemi. Vous concevez aisément que toute cette négociation est d’une nature à ne devoir ou à ne pouvoir être publiquement ou plus explicitement révélée et que l’étant, cela ne pourrait répondre à aucun objet intéressant pour la Compagnie, ce qui me fait espérer que je serai excusé si je ne déclare autre chose que cette partie de l’argent a été employée à payer six mois de salaires ; le reste de l’argent avec les diamants a été actuellement et bona fide appliqué à l’objet déjà mentionné, ce qui au sentiment de ceux intéressés dans cette affaire devait rejaillir sur l’honneur, le crédit et l’avantage réel de la Compagnie. »

Il serait difficile de contester l’authenticité de ces lettres et même leur sincérité. Leur précision, en effet, est trop grande et d’après elles il est aisé de reconstituer en peu de mots le drame de Madras :

Pour consentir à un traité de rançon, La Bourdonnais demanda pour son compte une somme d’argent dès le 21 septembre et après quatre jours de pourparlers le Conseil de Madras accepta le marché. La difficulté de rassembler le numéraire ou les diamants, beaucoup plus que les prétentions de Dupleix, retarda la signature du pacte jusqu’au 21 octobre : à ce moment tout fut consommé. Et le délai qui courut dans l’intervalle fut employé par La Bourdonnais moins à défendre une politique qu’à attendre une échéance.

Comment se fait-il qu’avec de tels documents, qui rectifiaient sans les contredire les dépositions de d’Espréménil et de Kerjean, La Bourdonnais ait été acquitté ? Certes son avocat fut habile en son mémoire de défense, et il n’est pas interdit de supposer que de hautes influences même financières travaillèrent en faveur de l’accusé, mais on peut aussi conjecturer que le roi et les ministres ne