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voulurent pas, en faisant condamner un homme qui avait vaincu l’ennemi, discréditer notre victoire et donner une revanche morale aux Anglais. Puisque l’information du procès fut secrète, que toutes les pièces s’y référant ont été enlevées ou sont perdues et que les mémoires du temps ne nous donnent aucun renseignement sur l’instruction, il est à craindre qu’un long mystère ne continue de planer sur les conditions mêmes de cet acquittement.

Seuls les Anglais auraient pu entretenir le débat en accentuant leurs accusations, mais il ne semble pas qu’ils l’aient voulu ni tenté. L’attitude de leurs conseillers au moment de la capitulation de Madras n’avait été ni assez heureuse ni assez honorable pour que l’ennemi se déterminât à chercher dans ses propres mésaventures un moyen de confondre l’adversaire.

L’occasion pourtant ne manqua pas. Les conseillers de Madras ne s’étaient procurés les fonds destinés à La Bourdonnais qu’en faisant appel à des marchands anglais ou juifs qui avaient reçu en échange des billets payables à Londres. La présentation de ces billets amena la Cour des propriétaires de la Compagnie puis celle des directeurs à faire une enquête sur les conditions de la capitulation. Commencée en 1748, cette enquête ne fut terminée que le 17 mars 1752, un an après la clôture du procès de La Bourdonnais.

Un volumineux dossier conservé aux Archives de l’India Office (Law Case, n° 31) contient l’enquête dans tout son détail. Nous n’en tirerons que les conclusions.

Les prêteurs furent unanimes à déclarer, soit par lettres, soit par mandataires, qu’ils ne savaient pas expressément si les fonds qu’on leur avait demandés étaient destinés à sauver les marchandises des habitants ou seulement celles de la Compagnie ; mais leur opinion était que cet