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Dupleix en conclut qu’il avait le droit de disposer de l’escadre à son gré et les capitaines des navires parurent d’abord disposés à n’exécuter que les ordres qu’il leur donnerait au nom de la Compagnie (Mémoire, n° 161), mais ces ordres pouvaient ne pas être ceux du roi. Il était arrivé plusieurs fois au ministre de donner en secret des instructions contraires à celles des directeurs. Après réflexion, les capitaines préférèrent s’en tenir à leurs devoirs professionnels, laissant aux deux chefs le soin de régler entre eux les contestations de principe.

Ces contestations ne furent pas d’ailleurs très violentes ; aux prétentions et à la fougue de son adversaire, la Bourdonnais prit le parti de répondre avec une sorte de résignation attristée, comme s’il craignait de se mettre en opposition avec les derniers ordres de la Compagnie, si peu naturels et si peu logiques qu’ils pussent lui paraître.

Après le malheur du 13 octobre, il passa son temps à réclamer à Dupleix des secours qui ne lui vinrent qu’en partie et à former des projets qui variaient presque tous les jours. Tantôt il était disposé à s’en retourner directement aux Îles, tantôt il parlait d’aller à la côte malabar ou à Achem (lettres à Dupleix des 15 et 21 octobre) :

    furent jamais représentés. Nous ne l’avons pas davantage retrouvée. Mais ce n’est pas une raison pour qu’elle ait été inventée par Dupleix, comme voudrait le laisser entendre la Bourdonnais. D’après celui-ci, comment des ordres de la Compagnie datés du 6 octobre auraient-ils pu être approuvés par le nouveau contrôleur général, puisque deux mois après il n’y avait pas eu encore de changement de ministre. Orry ne tomba en effet du pouvoir qu’au mois de décembre ; mais l’auteur du mémoire n’a sans doute pas songé que l’escadre de Dordelin ne mit à la voile que le 13 janvier 1746 et que c’était un laps de temps suffisant pour que le nouveau ministre put connaître et approuver les idées de son prédécesseur. Il est d’autre part difficile d’admettre que Dupleix eut osé imaginer de toutes pièces, un document d’une pareille importance et qu’on pouvait lui représenter plus tard ; le jeu était trop dangereux.