Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/402

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« Sitôt que le vent du Nord sera bien établi, lui écrivait-il le 15, je partirai avec les débris que j’aurai pu réunir pour aller chercher du remède à nos maux. C’est dans de pareilles conditions qu’il faut prouver qu’on est bon français. Je souhaite que tout le monde veuille me seconder et je ferai voir que les malheurs ne m’accablent point » (Mémoire, n° 147).

L’état de quelques-uns de nos vaisseaux ne permettait guère en effet de faire des projets définitifs. Des onze qui restaient dans l’Inde, le Bourbon et le Neptune ne pouvaient aller loin ; la raison commandait d’en renvoyer deux ou trois en France avec les marchandises de Madras ; que pouvait-on faire avec les six ou sept autres ? quelle destination leur donner ?

Après tous les incidents qui venaient de se produire, il était peu probable que la Bourdonnais, si séduisante que lui parût d’abord l’idée, songeât longtemps à une expédition nouvelle qu’il dirigerait lui-même. Outre qu’il lui faudrait d’abord la concerter avec Dupleix, l’infériorité de notre armement ou de la vitesse de certains de nos navires ne lui permettait pas de compter sur des résultats décisifs contre l’escadre anglaise. Tout au plus pouvait-on espérer quelques prises par des manœuvres plus habiles que hardies. La Bourdonnais devait donc être amené peu à peu au projet de quitter l’Inde, où rien ne pouvait plus le consoler de ses déboires ; il laisserait le commandement de l’escadre à un autre officier du roi. Mais on ne renonce pas en un jour à un pouvoir que l’on exerce depuis plus de deux ans et où, après beaucoup de souffrances et beaucoup d’épreuves, on a mis toute son âme et une partie de sa vie. Aussi ne sut-il pas s’en détacher avec résolution et ses atermoiements et indécisions, quoique légitimes et respectables, lui causèrent-ils de nouveaux désagréments.