Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/405

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sûreté qu’il était possible, ce que la conquête avait procuré à la Compagnie ? Y avait-il un autre parti à prendre que celui de faire hiverner les navires dans quelque partie de l’Inde ?…

Après que les capitaines eurent signé leurs réponses qui portaient en substance qu’il fallait en effet prendre les mesures les plus convenables pour mettre les vaisseaux en sûreté, le Conseil commença par prélever 400 hommes d’équipage, dont il avait besoin pour renforcer la garnison, puis il permit d’appareiller comme si la flotte devait aller au-devant de la Bourdonnais, mais il lui remit en même temps des ordres qu’ils ne devaient ouvrir que lorsqu’ils seraient au large, c’est-à-dire assez loin en mer. Or, la Bourdonnais avait écrit qu’il arriverait à Pondichéry en longeant la côte. Les deux escadres risquaient ainsi de ne pas se rencontrer et c’est ce que désirait Dupleix.

Les événements tournèrent autrement qu’il n’avait calculé. À peine avaient-ils perdu de vue les côtes de Pondichéry, que les cinq capitaines eurent quelque défiance au sujet des instructions dont ils étaient porteurs et sans plus tarder ils les ouvrirent. Il y lurent avec surprise que non seulement il n’était nulle part question de la Bourdonnais, mais qu’on leur prescrivait de se rendre à Achem où ils n’avaient aucune chance de le rencontrer. Leur parti fut aussitôt pris ; ils revinrent à Pondichéry le 24 au matin. Ils y trouvèrent une lettre de la Bourdonnais, datée du 21 qui leur prescrivait à nouveau de venir le joindre sans qu’aucun ordre de la Compagnie ou autre put les en empêcher (Mémoire, n° 187). Comme ils n’étaient pas descendus à terre, il leur était facile de braver légèrement l’autorité de Dupleix ; ils lui écrivirent en conséquence que leur destination