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pour Achem leur paraissait déraisonnable, et qu’étant dégarnis d’une partie de leurs équipages, ils étaient dans l’impossibilité de tenir tête aux ennemis. Ils finissaient leur lettre en ces termes : « Il nous paraît donc indispensable de joindre le plus tôt que faire se pourra M. de La Bourdonnais, et cela avec toute la précaution que demande la saison critique actuelle » (Mémoire, n° 195).

Le conflit d’attributions se posait donc encore une fois avec une parfaite netteté. C’est en masquant ses intentions que Dupleix avait pu le 22 disposer de l’escadre ; maintenant les subterfuges n’étaient plus possibles ; il fallait parler clairement. Dupleix n’hésita pas. Il répondit le même jour aux capitaines qu’il était surpris de leur attitude, après le questionnaire qu’ils avaient signé ; on ferait connaître leur attitude à la Compagnie et aux Ministres qui apprécieraient.

« Si vous choisissez, continuait-il, le parti que la Bourdonnais vous présente (aller le rejoindre), nous vous redemandons toutes les troupes, nous avons des ordres de les retenir et nous nous en sommes dégarnis sur le parti que vous avez choisi. Nous ne pouvons absolument exposer cette place ; songez-y bien… Nous avons déjà eu l’honneur de vous dire, dans l’ordre que vous avez de nous, que nous prenons sur nous de répondre devant qui il appartiendra de l’inexécution des ordres que vous recevez de M. de la Bourdonnais. Nous vous le répétons encore… Les ordres que vous avez reçus de nous vous mettent à l’abri de tout… Vous n’ignorez point les pouvoirs de M. le Commandant général ; vous connaissez ceux du Conseil dans des cas semblables ; c’est donc en conséquence que nous vous ordonnons de nouveau d’exécuter à la lettre les ordres dont vous êtes porteurs (c’est-à-dire d’aller à Achem) et d’appareiller sur-le-champ. » (Mémoire, n° 196).