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Des raisons analogues nous empêchèrent de nous installer au Mont Dely, à deux lieues au nord de Cannanore, et à la rivière Cotte, près de Mahé. Le roi de Bedrour ou de Canara, qui depuis une dizaine d’années possédait le Mont Dely et toute la région environnante par une sorte de vassalité imposée au roi de Colastry, le souverain légitime et séculaire, était disposé, pourvu que nous lui donnions des secours contre ses ennemis, à nous céder un comptoir à notre convenance, avec privilège exclusif du commerce du poivre, du bois de santal et du cardamone. Cette proposition nous fut faite au moment où l’affaire de Colèhe venait d’échouer ; le Conseil de Mahé l’accepta cependant après quelques hésitations, et le 25 mars 1740. il fut signé dans le camp même du général du roi un traité par lequel on nous concédait le droit d’élever une forteresse au Mont Dely avec privilège commercial sur neuf lieues de côte depuis Dècle au nord jusqu’à la rivière de Madakaray au sud. Mais les difficultés que nous eûmes peu de temps après avec les princes indiens qui étaient dans le voisinage direct de Mahé, la guerre des Marates à la côte Coromandel et la difficulté sinon l’impossibilité de communiquer en toute sécurité par terre avec le mont Dely, nous obligèrent à ne pas donner suite à ce projet qui ne fut repris et exécuté que onze ans plus tard, en 1751. (A. C. C2 80. p. 162-166).

La rivière Cotte séparait les états du Samorin de celui de Bayanor ; par elle s’écoulaient beaucoup de poivre en violation des traités. L’établissement que le troisième Samorin nous offrit d’y fonder en novembre 1740 avait surtout pour but d’empêcher les Anglais de faire une sorte de contrebande à notre détriment. Il n’eut pas un meilleur sort que celui du Mont Dely.