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place et avant même que le traité de rançon ne fut signé, il décida, en un conseil tenu le 19 octobre, d’envoyer à Madras les conseillers Barthélémy, Gruyère, Gosse et les agents de la Selle et Desfresnes pour y constituer une administration régulière, sous le commandement de d’Espréménil. Ces cinq délégués partirent le lendemain soir, s’arrêtèrent un instant à Saint-Thomé, par crainte sans doute d’un incident de la dernière heure et n’arrivèrent à Madras qu’au moment du départ de la Bourdonnais.

Ils prenaient une succession difficile. Les Anglais n’avaient qu’une médiocre confiance dans nos intentions de respecter le traité et n’étaient pas eux-mêmes mieux disposés à favoriser notre tâche soit en se prêtant de bonne grâce aux exigences du partage que nous voudrions leur imposer, soit en empêchant les Maures et le nabab d’Arcate, avec qui ils avaient des intelligences secrètes, de venir nous inquiéter.

On a vu avec quelle netteté puis quelles hésitations ce prince s’était opposé à l’expédition de Madras. En lui déclarant qu’on l’entreprenait autant pour venger les injures du Mogol que les nôtres propres, Dupleix l’avait dissuadé d’intervenir au moment qui nous eut été le plus funeste. Encore ne put-il arriver à ce résultat qu’en lui faisant dire par un homme que nous avions à Arcate que lorsque nous serions les maîtres de Madras, on lui remettrait la ville ; il n’est d’ailleurs pas sûr qu’en faisant cette promesse, Dupleix ait eu le moindre désir de la tenir. Mais c’était du temps gagné.

Le nabab avait également marqué sa surprise à la Bourdonnais qu’il eut débarqué sur ses terres, sans lui faire part de ses desseins et l’avait en conséquence invité à se rembarquer aussitôt ; la Bourdonnais lui avait