Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/422

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Aussi, quoiqu’il n’eut pas pris une part directe au grand événement plus politique que militaire qui venait de s’accomplir, c’est à lui beaucoup plus qu’à Paradis qu’en furent attribués le mérite et la gloire. Suivant de très près la chute de Madras, qu’on savait être son œuvre non moins que celle de la Bourdonnais, la victoire de l’Adyar lui créa dans toute l’Inde une autorité sans précédent.

La logique eut voulu que les princes, dont le prestige venait d’être si gravement atteint par la défaite de l’un d’eux, missent quelque discrétion à reconnaître la supériorité de l’étranger ; ce fut au contraire à qui déployerait le plus de coquetterie pour le couvrir de louanges. Sans doute ces éloges sont conçus dans le style hyperbolique commun à tous les peuples de l’Orient et il serait quelque peu naïf de les prendre à la lettre ; mais il est entre eux si peu de dissemblance, jusque dans les expressions elles-mêmes, qu’on sent bien que ce double événement avait produit partout la même impression.

C’est d’abord le Nizam lui-même, suzerain du nabab vaincu, qui fait écrire à Dupleix par son ministre Iman Sahib :

« J’ai compris ce que vous me marquez au sujet de la guerre injuste que Mafous kh. vous a suscitée. Je suis en vérité charmé que vous l’en ayez fait repentir. Je n’ai pas douté un seul moment que cela fut autrement ; je vous en fais mon compliment… Je compte que dans peu le nabab Anaverdi kh. recevra des ordres très forts et qu’il sera réprimandé au sujet de la guerre qu’il vous a suscitée et il ne tardera point à s’en repentir. Je puis vous assurer sans flatterie que toutes ces affaires que vous avez menées avec autant de prudence que de bravoure, vous ont donné un renom que je ne puis exprimer, non seulement à la cour du Nizam, mais encore dans tout le Décan, l’Indoustan et je ne mentirais pas, en ajoutant, dans tous les