Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/423

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endroits aussi reculés qu’ils puissent être… Je vous préviens qu’en cas que les armées d’Anaverdi kh. auraient l’audace d’aller vous attaquer dans Pondichéry, de les étriller de façon qu’ils puissent se repentir de l’avoir fait et que cela puisse l’obliger à faire avec vous une prompte paix, ce qui ne pourra manquer d’arriver, si vous les battez bien[1]. »

On est seulement surpris, en lisant cette lettre, de voir combien Nizam avait peu d’autorité sur son vassal, puisqu’il ne pouvait l’empêcher de faire la guerre et en était réduit à se réjouir de ses échecs. Montons un degré de l’échelle ; le Mogol lui-même se trouvait aussi impuissant à réprimer les actes d’indépendance du Nizam. Ce n’était pas encore l’anarchie, mais ce n’était plus l’autorité et, sous une apparence encore magnifique, c’était la fin de toute unité politique.

Le fameux Ragogy Bonsla, général des Marates, était plus démonstratif encore que Nizam et sa lettre à Dupleix est à citer presque tout entière :

« Je ne puis en vérité vous exprimer la joie que j’ai ressentie lorsque j’ai appris la réduction de la ville de Madras et que vous vous en étiez rendu maîtres : Madras qui était si renommée dans l’Inde et en Europe par sa force, sa beauté et son commerce ; ville que l’on croyait imprenable par rapport à la quantité de guerriers, d’artillerie et de munitions qu’elle renfermait. Cette même ville tant vantée a été prise par les Français après deux ou trois jours de siège ; non, je ne puis comprendre cela et je ne puis attribuer ce fait qu’à votre valeur, jointe à la bravoure de votre nation… Je ne sais de quels termes me servir pour vous féliciter sur cet événement, qui vous fait plus d’honneur et vous donne plus de réputation que tout autre

  1. Nazelle, p. 267-268.