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s’étant totalement retirés, il pouvait en faire autant dans les conditions les plus favorables. Et sans attendre la réponse du Conseil supérieur, il annonça le 8 son départ pour le lendemain et ce jour-là, il fit recevoir Paradis comme commandant de la place.

Le conseiller Bruyère ayant manifesté l’intention de le suivre dans sa retraite, le Conseil risquait de se trouver composé de deux membres seulement : Paradis et Friell, celui-ci envoyé pour remplacer Gosse, prisonnier du nabab. Paradis, investi de ses nouvelles fonctions, triompha de la résistance de Bruyère en le mettant aux arrêts pour huit jours ; quant à Barthélemy, il lui offrit de présider le Conseil pour toutes les matières de finances, tandis qu’il le présiderait lui-même quand il serait question d’affaires militaires ; mais Barthélemy refusa d’accepter cette dualité. Il ne put quand même quitter Madras aussitôt qu’il l’eut désiré ; sous prétexte que les chemins n’étaient pas sûrs, Paradis l’y retint encore une douzaine de jours.

Ce fut pour Barthélemy l’occasion d’écrire à Dupleix trois lettres fort intéressantes pour leur histoire personnelle (14, 17 et 20 novembre), dans lesquelles le commandant démissionnaire se plaignait avec beaucoup de dignité et de franchise qu’on ne l’eût pas cru capable de commander Madras, qu’on lui eût envoyé des secours qu’il n’avait pas demandés et dont il n’avait nul besoin, et qu’on eût employé à son égard des procédés, même fémelliques, pour le dégoûter de son poste. Les procédés fémelliques désignaient Madame Dupleix. Le gouverneur de Pondichéry répondit à la première de ces lettres, qu’il n’avait fait faire de suggestions à Barthélemy par l’entremise de d’Espréménil que par ménagement pour lui et pour ne point le chagriner, qu’au surplus il avait toujours rendu justice à sa probité, mais qu’il ne compre-