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d’événements, autant de circonstances font éclipser sans retour ». (A. C. C2, 79, p. 68).

Sans retour !… et Cossigny ajoutait encore ces mots qui ont comme une signification prophétique :

« À la réserve d’une acquisition faite hier dans le Tanjore, la Compagnie possède-t-elle en propre un pouce de terrain de plus qu’elle ne possédait il y a 40 ans ? Ce serait pourtant, selon moi, par l’extension de son domaine en quantité d’endroits, s’il était possible, de ces vastes pays, qu’elle serait au-dessus des événements de la mer, qu’elle pourrait charger tel nombre de vaisseaux qu’il lui plairait d’envoyer en Europe. »

Dupleix n’exposera pas un autre programme douze à treize ans plus tard, mais il le précisera mieux. Dans la pensée de Cossigny, reflétant très vraisemblablement celle de Dumas, son ami, ce programme était simplement entrevu, comme on entrevoit les formes indécises d’un paysage à travers les brumes du matin.


L’occupation de Karikal, suivant de près l’expédition de Moka, avait donné à Dumas une autorité personnelle que nul ne discutait, mais rien ne valut pour sa gloire et pour l’honneur de la nation, l’attitude qu’il prit au cours des événements dont les Marates furent les auteurs en 1740 et en 1741. Rien non plus ne mérite d’être mieux connu, si l’on veut se rendre un compte exact de la situation des Français dans l’Inde au moment où Dupleix prit le gouvernement de Pondichéry.

Donc, au printemps de 1740, le nabab du Carnatic Dost Ali vivait dans une heureuse sécurité sous la suzeraineté très affaiblie de Nizam oul Moulk, lorsqu’il apprit que les Marates se préparaient à envahir ses États. Ils étaient appelés par le roi de Tanjore et par quelques paliagars du sud, qui désiraient se libérer de la menace ou de la domi-