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nation de Sabder Ali et de Chanda Sahib, l’un fils et l’autre gendre du nabab, dont le premier poursuivait la conquête de Tanjore et le second avait conquis Trichinopoly en 1736. Dost Ali les appela à son secours ; mais tandis que ces princes, contrariés dans leurs intérêts personnels, se dirigeaient à petites journées vers Arcate, les Marates, au nombre d’environ 60.000 cavaliers et 150.000 pions, commandés par Ragogy Bonsla et Fater Sing, s’avançaient vers les montagnes qui protègent le Carnatic. L’armée de Dost Ali, forte seulement de 7 à 8.000 chevaux et 15.000 pions, en gardait le pied du côté d’Arcate, par où elle comptait être attaquée. Ragogy Bonsla gagna à sa cause un paliagar qui occupait à Canamé, à trois journées d’Arcate vers l’ouest, un passage extrêmement difficile ; il descendit ainsi dans la plaine sans opposition et à la faveur d’une grosse pluie qui empêcha les Maures d’avoir connaissance de sa marche, il vint à la pointe du jour tomber sur l’armée de Dost Ali, qu’il mit en déroute presque sans combat. Le nabab et l’un de ses fils furent tués (20 mai). Le lendemain, les Marates entraient dans Arcate et y faisaient un butin considérable.

Cette défaite jeta dans tout le pays une terreur inexprimable ; maures et gentils se sauvant d’ennemis qu’ils croyaient déjà à leurs trousses, vinrent se réfugier en masse à la côte et notamment à Pondichéry qu’ils regardaient comme l’endroit le plus sûr et ceux qui avaient des denrées à Arcate et dans les terres les y transportèrent au point de remplir les maisons et de rendre la circulation dans les rues presque impossible.

Le cinquième jour après la bataille, la veuve de Dost Ali et toutes les femmes de la famille du nabab avec leurs enfants se présentèrent à leur tour à la porte de Valdaour,