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expliquer la différence de traitement. Paradis eut ordre de dire qu’on n’avait pas assez de moyens de transport pour emmener tout le monde en un seul convoi. Après une dernière et infructueuse sommation de ne point porter les armes contre la France, Morse et Monson furent priés de se tenir prêts à partir le 20 dans la journée.

Ce fut une belle caravane. Autant pour défendre le gouverneur anglais contre une attaque possible des Maures, qui peu à peu se rapprochaient à nouveau de la côte, que pour s’assurer au besoin de sa personne, Paradis lui avait donné une escorte d’honneur d’environ 300 hommes, placés sous les ordres de Bury. Celui-ci, major des troupes et officier d’origine, n’avait pas voulu, non plus que La Tour, servir sous les ordres de Paradis, officier réformé[1]. Il partait donc moins comme chef d’escorte que comme un mécontent. Avec lui étaient également partis Barthélemy, Villebague et Desjardins, qui du reste eux aussi avaient demandé leur rappel à Pondichéry. Sous l’inspiration sans doute de Dupleix, chez qui l’on aimerait à trouver moins de passion, Paradis avait songé un instant à faire arrêter Villebague, sous prétexte de connivence avec les Anglais, mais après un examen plus approfondi de la question, il n’avait relevé contre lui aucune charge[2]. Le parti anglais ne comprenait que M. et Mme Morse et leurs enfants, avec Monson, M. et Mme Barneval, le secrétaire et le chirurgien du gouverneur.

Le voyage dura quatre jours. À l’aldée française de Calapett, qui se trouve à quatre lieues au nord de Pondichéry, la petite troupe trouva 150 hommes rangés en bataille

  1. Bury et la Tour adressèrent même au ministre une protestation contre le passe-droit dont ils se prétendaient les victimes.
  2. A. P. t. 16. Lettre au Cons. Sup. du 11 nov. 1746.