Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/444

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ruse il eut été sans doute aisé de s’en emparer et Villebague proposa deux moyens, dont l’un fut essayé. Il consistait à envoyer une lettre au capitaine pour le prier de descendre à terre avec ses paquets, en lui mandant que si on ne lui rendait pas le salut, c’est qu’on était en pourparlers de paix avec les Maures et que la politique ne permettait pas que la place put tirer le canon. Le catimaron qui portait cette lettre revint avec une réponse où le capitaine marquait qu’il avait beaucoup d’argent à remettre et surtout des paquets secrets et qu’il attendait avec impatience la première occasion que le gouverneur Morse lui procurerait de descendre à terre et lui porter ses lettres. Avec un peu de patience et quelque habileté, la capture du vaisseau était certaine. Pourquoi tout d’un coup Paradis donna-t-il l’ordre de tirer sur lui à boulets ? Craignit-il de ne pouvoir maintenir sa feinte jusqu’au bout et qu’une fois révélée, la Princesse-Marie ne se trouvât exposée à être elle-même prise par un navire plus fort et mieux armé ? Quoiqu’il en soit, aux premiers coups qui furent tirés sur elle sans d’ailleurs l’atteindre, le Britannia leva tranquillement son ancre et se rendit à Goudelour, d’où on l’envoya à Negapatam décharger son argent.

Cependant la politique de Dupleix l’avait entraîné à envisager contre Goudelour une expédition qui compléterait celle de Madras, en ruinant la puissance des Anglais à la côte Coromandel et en leur enlevant tout point d’appui pour leur flotte, et il avait songé à en confier le commandement à Paradis qui, dans la journée du 4 novembre, s’était révélé au moins comme un homme heureux. Celui-ci fut en conséquence invité à se rendre à Pondichéry et quitta Madras le jeudi 8 décembre, laissant la ville, sinon prospère, du moins tranquille et pacifiée.