Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/446

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

déguisé. La question des transports restait d’ailleurs une difficulté qui paraissait insurmontable ; on ne pouvait songer à rien expédier par terre et il n’y avait en tout dans le port de Madras qu’une douzaine de chelingues armées : les autres avaient fui ou s’étaient perdues dans le coup de vent du 13 octobre et quand il fallait faire un transport, public ou privé, ou c’étaient les chelingues qui manquaient ou c’étaient les macouas. Le bruit, du reste faux, qu’on retenait à Pondichéry les bateliers partis de Madras, avait amené une désertion générale ; pour retenir les autres, on avait dû les enfermer dans une chauderie, où on les tenait gardés comme des prisonniers.

Une proclamation fut affichée le 14 décembre et publiée à grand tam-tam pour inviter une seconde fois les marchands à rentrer immédiatement dans la ville et à y déclarer leurs biens sous peine de confiscation. Seuls quelques petits marchands ou chettys revinrent réclamer des marchandises saisies au temps de la Bourdonnais ; quant aux gros marchands, ils s’étaient retirés dans le fond des terres avec ce qu’ils avaient de plus précieux et rien ne les attirait plus à Madras, sauf peut-être la nécessité de faire travailler leur argent dans une ville plus commerçante.

La menace de confiscation du restant de leurs richesses ne les effraya point. C’était l’approche de la grande fête religieuse du pongol, pendant laquelle il n’eut pas été sage de troubler les esprits. Comme elle se passa sans que leurs dispositions fussent modifiées, d’Espréménil, obéissant aux ordres du Conseil supérieur, se décida à agir. Il fit paraître le 2 mars une nouvelle proclamation, dans laquelle il était dit que tous les marchands devaient quitter Madras pour Pondichéry dans un délai de huit jours et, durant ce temps, transporter toutes leurs mar-