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chandises dans le fort, d’où on les expédierait à Pondichéry. Si ces ordres n’étaient pas exécutés, des recherches domiciliaires seraient faites et tous les articles trouvés dans les maisons seraient confisqués[1].

Un certain nombre de marchands déclarèrent leurs valeurs, mais quand il leur fallut se décider à aller eux-mêmes à Pondichéry, ils répondirent pour la plupart : « Prenez nos biens, si vous le voulez ; mais nous n’irons pas là-bas. » D’Espréménil allait-il employer la force ? L’arrivée d’une flotte anglaise, qui vint sur ces entrefaites bloquer toute la côte Coromandel, y compris Madras, le tira assurément d’un grand embarras : il n’était plus possible de correspondre par mer avec Pondichéry. La voie de terre restait, il est vrai, ouverte ; la paix avait été rétablie au mois de février avec le nabab ; mais d’Espréménil comme Dupleix étaient-ils vraiment soucieux de pousser leurs menaces jusqu’au bout ? L’exode des commerçants pouvait assurément se faire sans troubles ni révoltes ; mais c’était au détriment de la confiance indispensable au succès des affaires et telles de celles-ci, prospères à Madras, couraient de grandes chances de sombrer à Pondichéry. Il était donc légitime et naturel que Dupleix et d’Espréménil hésitassent à recourir à des mesures suprêmes, qui pouvaient ruiner les marchands. La proclamation du 2 mars resta lettre morte comme les précédentes.

En même temps qu’il faisait solliciter les Indiens de passer à Pondichéry, Dupleix essayait de déterminer quelques Européens à en faire autant. De ce nombre étaient Quentin de la Métrie, François Carvalho et madame de Médeiro.

Quentin de la Métrie était conseiller au Conseil supé-

  1. Ananda, t.II, p. 415.