Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

demandant asile dans la ville. Que faire ? Les recevoir, c’était s’exposer à attirer les Marates jusqu’à Pondichéry. Leur refuser l’hospitalité, c’était courir le risque, en cas d’un retour de fortune toujours possible dans l’Inde, de les avoir pour ennemis irréconciliables et faire le plus grand tort au commerce de la Compagnie. Le Conseil se réunit et après avoir examiné cette alternative, se résolut sans hésiter et d’une voix unanime pour le parti le plus honorable. Nous eûmes dans l’Inde des succès plus retentissants ; aucun ne fut plus héroïque que cette protection si simple et si dangereuse accordée à une famille de vaincus.

Cependant Sabder Ali arrivé à une journée d’Arcate deux jours après la bataille s’était réfugié dans Vellore avec 7 ou 800 chevaux, et Chanda Sahib ayant appris en route la mort de son beau-père était retourné à Trichinopoly. Sabder Ali, réduit à l’impuissance, entra en pourparlers avec les vainqueurs et obtint leur retraite moyennant la promesse de quatre millions de roupies dont partie fut payée comptant.

L’acte chevaleresque de Dumas et de son Conseil ne tomba pas sur un sol ingrat. Lorsque Sabder-Ali eut fait la paix avec les Marates, il tint à venir lui-même à Pondichéry remercier le gouverneur, et pour rehausser l’éclat de la visite, il emmena avec lui son beau-frère Chanda-Sahib et une suite nombreuse. Ce fut une belle chevauchée ; il y avait, sans compter la foule bariolée des cavaliers et des pions, un grand nombre d’éléphants caparaçonnés d’étoffes lamées d’or ou d’argent. Aux limites de notre établissement, le nabab trouva, en descendant de palanquin, le gouverneur qui l’attendait, entouré de tous ses employés et officiers. Tous deux s’embrassèrent au bruit du canon avec beaucoup de