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fera le pousser à 21 pagodes et il lui resta pour compte. Les jours suivants, un marchand en offrit 22. Dulaurens, qui avait reçu de Dupleix l’autorisation de le vendre par grandes ou petites quantités au meilleur prix qu’il en pourrait trouver, crut devoir adopter ce chiffre. Ce fut sa perte ; Dupleix soupçonna d’abord Dulaurens de s’être entendu avec le marchand pour lui vendre à 70 rs. 4 ce qui valait 75.9 et il lui exprima tout son mécontentement. Le marchand n’ayant pas encore payé ni fait enlever la marchandise, Dulaurens lui proposa de se désister de son marché, ce qu’il obtint aisément, mais en même temps il pria Dupleix de donner des ordres pour que cette marchandise fut vendue par des personnes en qui il aurait plus de confiance et qui lui seraient moins suspectes : c’était trop d’avoir pu être soupçonné dans une affaire de commerce qui paraissait toute simple. (A. P. t. 7. Lettre du 26 nov.)

Huit jours après, Dulaurens n’était plus directeur à Madras. Dupleix l’avait révoqué et l’avait remplacé le 27 novembre par Barthélemy. Dans une conversation qu’il eut le 29 avec Ananda, Dupleix l’accusa formellement d’avoir constamment désobéi à ses ordres depuis son arrivée à Madras et d’avoir fraudé dans l’affaire des cotons. Il n’est pas impossible non plus qu’il ait voulu dans une certaine mesure punir l’homme au caractère indépendant, qui n’avait jamais consenti à charger la Bourdonnais. (Ananda, t. IV, p. 233).

Gosse fut exclu du Conseil pour le même motif et Panon suspendu. Encore une fois l’administration de Madras allait être presque entièrement renouvelée.