Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/461

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C’était la seconde fois que Barthélemy était chef du Conseil : Il arriva le 30 novembre, mais par suite d’un mauvais temps persistant, il ne put être reçu commandant à la tête des troupes que dans l’après-midi du 2. Il eut comme second un nommé Moreau, qui venait de Mahé, et que Dupleix nous peint quelque part comme un atrabilaire et un fripon (Cultru, p. 49).

Ananda nous raconte qu’on leur avait adjoint pour être, l’un dobache, le second chef de la police et la troisième chef des pions, trois Indiens de moralité douteuse et dont l’un, le chef de la police, n’aurait dû sa nomination qu’à 1.500 rs. données à Madame Dupleix. Celle-ci, nous affirme Ananda, croyait que leurs prédécesseurs s’étaient enrichis par des pillages ou des vols et elle comptait bien bénéficier du savoir-faire et de l’habileté de ses créatures ; elle n’aurait décidé son mari à les nommer que dans l’espérance d’obtenir d’eux de l’argent. Et Ananda ajoute ces mots, qui laissent quelque peu rêveur :

« J’ai entendu et j’ai aussi lu dans les livres d’extraordinaires récits de ruse de femmes. Mais Madame Dupleix les surpasse toutes mille fois. Les Européens, hommes et femmes, et les Hindous et Mahometans également, la maudissent toute comme l’élève du diable qui ruine la ville. M. Dupleix se rappelle quelquefois ce qu’elle est et souvent il l’oublie. Les affaires s’en vont ainsi à l’aventure, contrairement à toute sagesse ». (Ananda, t. IV, p. 229-230).

Graves imputations, qu’il est impossible aujourd’hui de vérifier, et qu’on ne peut cependant écarter a priori ! L’œuvre d’Ananda ne révèle pas toujours chez son auteur un grand courage ; il entre trop facilement dans les vues de ses interlocuteurs, mais il semble que ce soit unique-