Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/464

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de se jeter dans la mer. Toute son importance résidait dans le commerce qui n’était pas à vrai dire très développé : Madras absorbait à peu près toutes les affaires de la côte. Sur la rive nord de la rivière se trouvait le fort Saint-David, dont il ne reste plus que quelques ruines ; il protégeait la ville et assurait la défense des intérêts anglais jusqu’à plusieurs lieues dans l’intérieur des terres. La Bourdonnais avait proposé de s’en emparer avant d’entreprendre le siège de Madras, et Dupleix ne jugeait pas l’opération difficile ; mais était-ce bien par elle qu’il fallait commencer ? L’idée fut ajournée. La Bourdonnais nous dit qu’il l’eut reprise et réalisée, après la reddition de Madras, s’il se fut entendu avec Dupleix sur d’autres questions et peut-être était-il sincère.

Lui parti, que pouvait faire le gouverneur de Pondichéry ? Il lui restait des forces de terre assez nombreuses, les navires de Dordelin et deux autres hors d’usage. Avec un peu d’audace et quelque chance il n’en fallait pas davantage pour réussir. Dupleix se résolut donc à attaquer les Anglais et à essayer de leur enlever le dernier point d’appui qu’ils eussent à la côte Coromandel. L’entreprise paraissait d’autant plus nécessaire que depuis la perte de Madras nos ennemis y avaient transporté le siège de leur administration et de leurs affaires et que de là ils pouvaient nouer des intrigues dangereuses avec le nabab du Carnatic, dont l’inconstance était pour nous un sujet de perpétuelles alarmes.

Il n’est pas douteux que si l’on avait profité du moment de surprise qui suivit la chute de Fort St-Georges, Fort St-David eut succombé plus aisément encore ; mais après l’immobilisation de nos forces pendant tout le mois que durèrent les querelles stériles de Dupleix et de la Bourdonnais, nous eûmes à repousser plusieurs attaques du