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nabab et pendant un autre mois il nous fallut rester sur la défensive ou dans l’observation des événements.

Ces lenteurs ou hésitations, plus ou moins imposées par les circonstances, ne nous furent pas favorables. Dupleix avait un instant espéré pouvoir paralyser l’action du vieux nabab en entretenant la division entre ses deux fils Mafouz Khan et Mohamed Ali, extrêmement jaloux l’un de l’autre et dès le mois de septembre il avait engagé avec le dernier des négociations qui pouvaient aboutir à une sorte d’alliance et même quelque chose de mieux. Anaverdi Khan était très vieux — 86 ans — fort malade depuis quelque temps et pouvait mourir d’un jour à l’autre. Sa succession devait normalement revenir à son fils aîné ; mais Mohamed Ali était ambitieux et, en Orient surtout, la force prime le droit. À la suite de négociations dont nous ignorons le détail, Dupleix promit son concours au jeune prince s’il voulait un jour se saisir du pouvoir. Le malheur voulut que Mohamed Ali beaucoup trop impatient nous demanda à l’aider tout de suite. Il n’entrait pas dans les plans de Dupleix de se découvrir si vite ni si complètement ; il fit une réponse évasive et dilatoire. Comptant peut-être lui forcer la main, Mohamed Ali lui écrivit le 1er décembre une lettre où, reprenant tous les griefs de son père et de Mafouz Khan, il lui reprochait d’avoir injustement attaqué Madras. (Ananda, t. 3, p. 136.)

Dupleix envisagea la situation. C’était la guerre qui allait reprendre et cette fois nous aurions contre nous toutes les troupes du nabab et de ses fils. Nous aurions aussi sans aucun doute à subir le choc des Anglais qui avaient renforcé leur garnison de Goudelour avec tous les soldats fugitifs de Madras et attendaient d’un moment à l’antre l’arrivée de l’escadre de Peyton, libre enfin de quitter le Bengale.