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Ce concours de forces pouvait être un sérieux danger pour nos établissements. Dupleix ne fut nullement effrayé. Confiant dans les effectifs que lui avaient laissés ou amenés la Bourdonnais et Dordelin[1], il dédaignait toutes les menaces et venait (26 novembre) de refuser un secours de 2.000 Marates que lui proposait Fateh Sing, un de leurs chefs (Ananda, t. 3, p. 126). Il lui parut cependant que s’il pouvait réduire Goudelour avant que les Anglais et le nabab eussent eu le temps de combiner leurs efforts, ce ne serait plus ensuite qu’un jeu d’abattre les Maures et leur imposer la paix. Il répondit donc à Mohamed Ali en rappelant Paradis de Madras et en lui destinant le commandement d’une expédition qui irait aussitôt attaquer Fort Saint-David.

Paradis partit de Madras le 3 décembre avec 300 soldats et cipayes pris à la garnison et tous les effets et marchandises qu’il put emporter : une partie provenait des dépouilles de Madras. Mafouz Khan, informé de ces mouvements par des espions, crut l’occasion favorable pour prendre sa revanche de la défaite de l’Adyar et ramena peu à peu ses hommes à la côte. Il en parut d’abord quelques-uns, puis un plus grand nombre. Paradis qui sans doute ne soupçonnait pas leur importance poursuivit sa route avec une entière confiance. Un peu avant d’arriver à Sadras, son arrière-garde, commandée par Mainville, fut attaquée

  1. Les forces de Dupleix tant à Madras qu’à Pondichéry s’élevaient à environ 3.000 hommes dont :
    600 hommes de garnison fixe :
    900 soldats ou matelots laissés par la Bourdonnais ;
    300 esclaves cafres, armés et exercés pour la guerre ;
    et environ 1.200 cipayes.

    Mais il s’en fallait que toutes ces troupes, même les européennes, eussent une égale valeur : un très grand nombre de soldats était incapable de tout service et l’on ne pouvait pas toujours compter sur leur discipline ou même leur fidélité.