Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/492

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Nizam oul Moulk et les suppositions allaient leur train, lorsque l’on vit tout d’un coup, le 20 juin, des mouvements inaccoutumés du côté de Goudelour : Griffin s’armait comme pour une expédition et les marchands évacuaient leurs marchandises dans l’intérieur du pays. Que se passait il donc ? Dupleix ne faisait aucun préparatif militaire et les Maures n’avaient aucune armée dans les environs. On ne tarda pas à apprendre que c’était l’arrivée de l’escadre française de Bouvet, qui causait tout ce remue-ménage. Ignorant encore de quelles forces elle disposait, les Anglais craignaient qu’elle ne vînt attaquer Goudelour et prenaient toutes leurs dispositions de défense.

On se rappelle que cette escadre, composée du Lys, de l’Aimable et du Fulvy, était tout ce qui restait de la flotte que St-Georges devait conduire dans l’Inde en 1747 et qui avait été dispersée d’abord à Belle-Île par la tempête du 30 mars puis par le désastre naval du 14 mai, au cap Finistère. Arrivée à l’Île de France dans le courant d’octobre, elle y avait trouvé les trois vaisseaux de Dordelin, retour de la côte malabare. Elle ne pouvait les ramener avec elle dans l’Inde : depuis plus de deux ans qu’ils avaient quitté la France, bâtiments et équipages étaient également fatigués. Qu’allait-elle faire ?

Le gouverneur David, qui avait la responsabilité des événements, se trouva à peu près dans la même situation que la Bourdonnais plus de deux ans auparavant. Comme lui il avait une flotte insuffisante pour courir sus à l’ennemi et comme lui il attendait d’un jour à l’autre les vaisseaux de France qui, réunis à ceux des Îles, nous permettraient d’engager heureusement la partie. On sait déjà pourquoi les semaines et les mois se passèrent dans une vaine attente. Et finalement David dut compter sur nos