Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/493

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seules forces ; or elles pouvaient encore monter à une douzaine de navires, dont 7 à 8 aptes à combattre. Ce n’était peut-être pas assez pour vaincre Griffin. David hésita quelque temps à hasarder leurs destinées, puis songeant que Dupleix avait besoin d’argent et l’attendait depuis de longs mois, il se décida à envoyer Bouvet à Madagascar pour y prendre des vivres et y recruter des cafres, avant de continuer sa route sur l’Inde. L’arrivée inopinée de l’Hercule, parti de Lorient en janvier et qui toucha à l’Île de France le 2 mai, ne modifia pas cet ordre ; du moins David apprit-il, avant son exécution, qu’une nouvelle escadre devait quitter la France au début de 1748 avec le marquis d’Albert. Il se fut peut-être décidé à l’attendre, s’il n’avait appris en même temps que l’amiral Boscawen était parti d’Angleterre le mois de novembre précédent avec 17 navires de guerre. S’ils arrivaient dans l’Inde avant nous, Bouvet risquait de trouver toute la côte bloquée et de ne pouvoir aborder ni à Madras ni à Pondichéry ; il importait donc de les devancer. Bouvet reçut en conséquence par la Princesse Émilie qu’on lui dépêcha à cet effet l’ordre de partir aussitôt pour l’Inde. La 15 juin, il était au large de Pointe de Galles, au sud de Ceylan et trois jours après il rencontrait sur les côtes de l’Inde deux petits bâtiments hollandais, dont l’un fut capturé par le Brillant. L’interrogatoire de l’équipage permit de supposer que douze vaisseaux de guerre anglais devaient se trouver dans le voisinage. Bouvet tint un conseil pour savoir s’il convenait de passer au large ou de continuer directement son chemin, quoi qu’il dut arriver. Ce fut à ce dernier parti qu’il s’arrêta.

Le 20 juin, il arriva devant Karikal, où commandait Paradis. Bouvet n’ayant arboré aucun signe de reconnaissance ne put recueillir aucun renseignement qui l’eut