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éclairé sur la composition exacte des forces anglaises. À Tranquebar il apprit par les gens d’un catimaron que les vaisseaux anglais étaient réunis à Goudelour. On conclut de leurs déclarations qu’il devait y avoir six vaisseaux de guerre et 4 frégates. Au conseil que tint Bouvet, les capitaines furent d’avis qu’on devait les attaquer.

C’est dans ces dispositions qu’on arriva le lendemain en vue de Goudelour. Les informations recueillies étaient exactes. Dix vaisseaux de guerre rangés sur deux lignes se tenaient à l’estuaire nord de la rivière, tandis qu’un certain nombre de vaisseaux marchands réunis en groupe stationnait plus près de la terre. S’approchant d’eux à moins de deux lieues, Bouvet calcula que l’ennemi devait disposer d’environ 500 pièces de canon[1], tandis qu’il n’en avait lui même que 318 ; il jugea qu’engager un combat dans ces conditions était une grave imprudence et ses officiers partagèrent son opinion. Il resta néanmoins jusqu’au soir face à l’ennemi, qui contrarié par le vent ne put appareiller ; mais, quand la nuit fut venue, il masqua habilement sa retraite en dissimulant ses feux et, favorisé par un vent des plus vifs, il se défila tout le long de la ligne des Anglais qui ne se doutèrent de rien, et arriva le lendemain matin à onze heures, non pas à Pondichéry, où l’escadre ennemie pouvait venir le surprendre pendant les opérations du débarquement, mais à Madras, où il aurait tout le temps nécessaire pour mettre à terre les 60.000 marcs d’argent qui étaient à bord du Lys.

Les renseignements que lui donna Barthélemy sur les forces anglaises de Goudelour furent peu précis, mais tels cependant qu’il ne jugea pas prudent d’aller les atta

  1. Il n’en avait en réalité que 382. — Bouvet disposait de huit navires et de deux frégates, y compris la récente prise hollandaise.