Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/495

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quer ni de compromettre son voyage de retour. Et comme il risquait en restant à Madras, d’être surpris ou bloqué par Griffin, il mit à la voile la nuit suivante après avoir débarqué non seulement les marcs destinés à Dupleix, mais 300 soldats, des esclaves noirs et quelques volontaires et partit sans faire connaître la direction qu’il comptait prendre. Le 25 juillet suivant, il était de retour à l’Île de France[1].

§ 7.

Les lettres arrivées de France apprirent à Dupleix que dans l’affaire de Madras sa politique avait plus de défenseurs que celle de la Bourdonnais et, comme marque de cette approbation. Bouvet lui ramena des Îles en qualité de prisonnier Mahé de la Villebague pour répondre de sa gestion comme sous-commissaire des magasins de la marine et des vivres, au temps où il était à Fort Saint-Georges. L’ordre de l’arrêter était arrivé de Paris à l’Île de France le 9 avril. La Villebague, débarqué le 22 juin à Madras, fut ramené le 17 juillet à Pondichéry et

  1. La conduite de Bouvet et celle de Griffin ont été également critiquées. On a reproché au premier de ne pas être resté plus longtemps dans l’Inde, où il eut pu incommoder l’escadre de GriffIn ; mais quelques jours après arriva l’escadre de Boscawen : qu’eut-il pu faire contre ces forces réunies ? Il fut plus sage en retournant aux Îles, où il avait du moins l’espérance de retrouver la flotte du marquis d’Albert. Griffin fut plus justement accusé de n’avoir pas engagé le combat à Goudelour et comparut devant une cour martiale. Il argua pour sa défense que deux de ses navires n’avaient pas de gouvernail et que s’il avait mis à la voile après que la brise de mer se fut levée, il aurait été reporté au nord de Pondichéry et aurait ainsi laissé la voie libre à Bouvet pour atteindre cette place. La cour trouva qu’il aurait dû appareiller avec le vent de terre avant que l’ennemi fut en vue et l’Amirauté considéra son erreur comme une faute de jugement et non comme un manque de zèle ou de courage. Griffin fut acquitté.