Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/496

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enfermé dans la forteresse où il fut tenu au secret le plus rigoureux. On arrêta également Desjardins qui avait été chargé dans le même temps que lui des magasins des marchandises.

L’objet de ces poursuites était de vérifier les accusations de vol ou de concussion qui avaient été portées contre eux par Dupleix lui-même dans ses lettres à la Compagnie. Le procureur-général Lemaire releva aussitôt avec soin tous les discours, bruits ou propos qu’il avait entendus à leur sujet, comme sur la Bourdonnais lui-même et commença leur interrogatoire. On désirerait pouvoir ajouter que Dupleix, ainsi qu’il convenait à son rang et même à sa haine, tint à rester étranger à la procédure. Ne lui suffisait-il pas d’avoir politiquement gagné la partie dans l’Inde ? mais peut-être eut-il peur que les accusations qu’il avait envoyées en France sur de simples ouï-dire ne parussent maintenant un peu faibles avec le recul du temps et l’affaiblissement des passions. Quoi qu’il en soit, il se transforma en véritable juge d’instruction sur toutes les affaires même anciennes dans lesquelles Villebague particulièrement avait pu être intéressé. Friell, Guillard, Pillavoine, la Beaume, Cornet et d’autres furent successivement entendus et leurs dépositions consignées au greffe. L’arrivée de l’escadre de Boscawen puis le siège de Pondichéry interrompirent toute la procédure.

Cependant les jours qui avaient suivi l’arrivée de l’escadre de Bouvet ne s’étaient pas passés dans l’inaction. À peine s’était-elle échappée de Goudelour que Griffin, ayant pris des dispositions de combat, se mit à sa recherche. Il supposa d’abord qu’elle s’était dirigée du côté de Karikal et, ne l’y trouvant pas, il comprit qu’il avait été joué par son adversaire et remonta vers le nord. La déci-