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Ainsi Dumas était devenu de son vivant une sorte de grand homme. Pondichéry, bénéficiant de sa gloire, était le rendez-vous des princes du sud de l’Inde. « Il n’y a pas de semaine ici, écrivait Cossigny au Ministre, que ce ne soit ou une ambassade de princes maures et gentils, ou une visite de ces seigneurs du pays que M. le Gouverneur se pique de recevoir toujours avec le plus de pompe qu’il peut pour donner une idée la plus avantageuse de la nation » (A. C. C2 79, p. 81). Le roi de Mysore lui-même, qui n’avait jamais eu aucune relation avec les Français, avait envoyé un exprès au gouverneur pour lui exposer que, quoique son maître ne redoutât rien au monde, pas même le Grand Mogol, il voulait cependant, sur l’estime qu’il avait conçue des Français, « faire toutes les avances pour acquérir leur amitié et celle du gouverneur de Pondichéry, le seul des Européens qu’il est bien aise de rechercher ». (A. C. C2 79, p. 68).


Anticipons maintenant un peu sur les événements. Dumas quitta l’Inde le 20 octobre 1741[1] et arriva à Lorient le 31 mai suivant. Il fut très bien reçu à Paris par le ministre et par la plupart des directeurs que la résistance aux menaces des Marates avait heureusement impressionnés ; mais toute la Compagnie ne partagea pas ces sentiments. Godeheu lui reprochait presque l’invasion des Marates, Duvelaër trouvait qu’on lui avait accordé trop d’hon-

  1. « Nous ne pouvons vous exprimer avec quels regrets nous le voyons partir, écrivait le Conseil supérieur à la Compagnie le 16 octobre ; la prudence et la sagesse de son gouvernement lui ont acquis l’amour et la confiance de toutes les nations tant d’Europe que des Indes à cette côte ; il y fallait nécessairement un chef aussi sage, aussi capable et aussi intelligent, surtout ces dernières années, pour terminer aussi heureusement qu’on a fait les affaires que nous ont suscitées les Mahrates et tous les inconvénients qui s’en sont ensuivis. » (A. P. t. 6.)